Toi ! Oui toi qui lis cette fiche derrière ton écran, prépare toi des mouchoirs (pour essuyer tes larmes, n'aie pas l'esprit mal placé) et lance une musique triste sur youtube, car voici mon histoire. Je suis né en 1903 dans les quartiers miséreux de Paris, là où règnent la crasse, la maladie, les rats, les gens peu fréquentables et autres réjouissances. Ce que faisaient mes parents ? Ce ne sont pas tes affaires, retient juste qu'ils étaient tellement riches qu'on vivait dans le grenier d'une pension bourgeoise et que nous mangions peu, sûrement dans un soucis de garder la ligne. Enfin, autant te dire que je ne veux plus jamais vivre dans ces conditions et qu'à l'âge où tu faisais des coloriages, bien au chaud en maternelle, je travaillais déjà pour m'en sortir. J'ai tout fais, j'ai ciré des bottes pleines de fientes, distribué des journaux que je ne savais même pas lire (l'illettrisme ça accentue le drama) et fais les poches de pas mal d'honnêtes gens (si c'est un travail, pickpocket en CDI). Si je n'ai jamais appris à lire, j'ai en revanche appris très tôt à me battre, mauvaises rencontres obligent. Comme j'avais très peu de défaites à mon palmarès, j'ai décidé d'en faire mon métier. Pas boxeur hein, je dirais plutôt artiste. Je t'explique, les gens me payaient pour que j'aille refaire le portrait de quelqu'un avec qui le dialogue devenait compliqué. J'étais donc une sorte d'artiste. Tu trouves ça mal ? Tu sais petit, ou petite, pour moi il n'y a ni bien ni mal. La vie est un jeu avec ses règles, où chacun fixe ses objectifs. Il n'y a donc ni bien ni mal, seulement différentes façons de gagner. En parlant de jeu, j'ai pas mal joué... avec de l'argent. Aux dés, aux cartes peu importe tant qu'il y avait une somme à gagner. Un jour j'ai tout misé, sûr de ma victoire. J'ai tout perdu. Je suis parti mendier, voler et faire bien d'autres choses... Et un jour elle est arrivée, la lettre avec sa pièce. La suite tu la connais vu que tu as lu le contexte. Aujourd'hui je suis une pièce incontournable de l'échiquier : le fou, imprévisible. Personne ne connaît mon camp, on m'aime ou on me déteste, mais surtout on me craint. Il est vrai que je ne bouge pas beaucoup sur le plateau de jeu, mais sois sûr que dans l'ombre je tire les ficelles.